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COLLECTIF
MARSEILLE K.O. A CANNES !
Pour un
Festival International des
luttes sociales à Cannes.
Nous vivons
actuellement une accélération de la
casse des conquêtes sociales. L’heure
n’est pas à la résignation. Avec
cynisme et arrogance, le gouvernement
poursuit la mise en oeuvre du projet
social du Medef. Alors qu’ils
condamnent à la misère et à l’exclusion
des milliers de chômeurs/euses et de
retraité-e-s, pour faire accepter
les conditions de travail les plus
déplorables, on constate aujourd’hui,
une augmentation des maladies
professionnelles et des accidents du
travail.
Ceux-là, qui nous
proposent comme idéal une société
du chacun pour soi, une société
fondée sur la peur de l’autre, sur
la haine de l’autre, ceux-là sont
les vrais délinquants qui créent
notre insécurité sociale pour la
sécurité de leur profits.
Nous ne sommes pas
isolés. Partout, en Europe
notamment, les mêmes politiques de
régression sociale sont critiquées
et combattues. Aujourd’hui, la
convergence de ces mobilisations
pourra créer le rapport de force
nécessaire pour mettre un coup d’arrêt
aux politiques anti-sociales que nous
subissons. Pour mettre en échec nos
adversaires et pour lancer une
dynamique de reconquêtes sociales et
l’émergence d’une alternative,
nous avons besoin d’une
mobilisation de grande envergure.
C’est pourquoi,
après la lutte contre la réforme
des retraites et les mouvements de l’Education
nationale, et suite aux réformes de
l’Unédic qui ont touché les
chômeurs/euses et précaires de
manière tragique, et dont les
travailleurs intermittent-e-s du
spectacle furent le fer de lance, Le
Collectif " K.O. A CANNES !
" appelle : Les chômeurs/euses,
les retraité-e-s, les salarié-e-s
du public et du privé, les
syndicats, collectifs et
associations, à des journées d’action
unitaires, interprofessionnelles, à
l’occasion du Festival
International du Film de Cannes. (qui
a lieu du 12 au23 mai)
L’aspect
international de ce festival sera l’occasion
d’une médiatisation mondiale du
coup d’envoi du bras de fer que
nous allons engager.
Et nous invitons à
nous rejoindre tous les salarié-e-s
et chômeurs/euses qui, en France, en
Europe et ailleurs, sont touché-e-s
par les ravages de cette idéologie
du profit et du marché, qui est en
train de mettre à bas deux siècles
de conquêtes ouvrières et de droits
sociaux. Nous affirmerons notre
liberté de manifester, et d’agir
pour la défense de nos droits, dans
les rues de Cannes. Nous devrons
être très nombreux/euses à faire
entendre nos voix sous le feu des
projecteurs de ce Festival
international.
Nous devons désormais
trouver les terrains où unir nos
luttes, réinventer l’idée de
vivre ensemble et de solidarité.
Faisons de Cannes le haut-parleur
planétaire et spectaculaire du
réveil social.
Cette initiative sera
présentée sous le nom de "
K.O. à Cannes – pour la défense
de la solidarité sociale et des
services publics ".
-
Contre la
casse de la solidarité
sociale : Retraite, Unédic,
Sécurité sociale,
Contre le
chômage, la précarité et la
misère, orchestrés par le
patronat et le
gouvernement,
Contre la casse et les
privatisations des services publics
de Santé, d’Education, de la
Poste, de l’Energie, des transports
publics, de la Recherche … -
Contre l’A.G.C.S.
-
Pour une
Culture pour tous, par
tous. -
Contre la
criminalisation des classes
populaires, des syndicalistes, des
mouvements sociaux…contre les lois
Sarkozy et Perben
Ce collectif initié
par des intermittent-e-s du
spectacle, chômeurs/euses,
précaires organisé-e-s ou non
affilié-e-s a pour but de prendre
contact avec l’ensemble des forces
militantes en France et en Europe
pour faire de cette initiative un
succès à la mesure des forces qui s’y
engageront. Nous avons besoin de
toutes les énergies, bras, contacts
et initiatives disponibles. Rejoignez
nous !
Nous
invitons les organisations
à signer cet appel et le
diffuser massivement. Le
collectif se réunit tous
les mardis à 18h à la
bourse du travail 23 bd
charles nédelec 13003
marseille contact : e-mail
:kawakan@no-log.org
portable : 0633229008
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Textes
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Je suis une créature par
Isabelle Sorente
Je ne suis pas
une femme quand je jouis. Je suis une
tempête de nerf et de météorites,
de cheveux dressés sur la tête, de
la sueur, un ventre qui tremble, un
coeur qui bat, une tête qui
fantasme. Le corps n'éprouve pas le
genre de la jouissance. Et les
magazines ont beau nous parler de
jouissances féminine et masculine,
le ventre, les mains, la bouche se
moquent des concepts. Bien sûr, mon
ventre n'est pas celui d'un mâle. Il
est amas de nerfs, clitoris, vagin,
disposition propre à la femelle.
Mais où se situe exactement mon
sexe? Où commence t-il? À l'intérieur
des cuisses ? A la plante des pieds ?
Au clitoris ? Au bas ventre ? À
l'arrière de la nuque ? Passe-t-elle
par la colonne vertébrale, la
jouissance ?? La peau, les lèvres,
les cuisses, les seins, les fesses,
les yeux, la parole, les oreilles, le
cerveau lui sont-ils étrangers ?
Quel est le genre d'un oeil ? Quelle
est le genre d'une langue, d'une
dent, d'une peau ? Que celui dont la
jouissance ignore la vue et la peau,
le gout, le toucher et l'odorat, que
celui-là me dise ce qu'est le genre.
Je ne suis ni
homosexuelle ni bisexuelle ni hétérosexuelle,
je suis un humain sexué en
interdanse avec d'autres humains,
sexués. Je suis un humain sexué
aimant d'autres humains sexués, et
leur façon singulières de jouir et
de faire jouir. Je rend grâce aux
différences physique, comme à
autant de témoignages amoraux de la
diversité humaine.
Il n'est pas
question de nier la singularité ; il
est impossible de la réduire au
genre. Le genre n'est qu'un
travestissement qu'on prend et puis
qu'on abandonne, un archétype surgi
au coeur de la jouissance, qui nous
traverse, nous fait jouir et nous
quitte. Avant d'être remplacé par
un autre. Le genre, comme les émotions,
n'est qu'un élément météorologique
de mon climat humain. Pour les maîtres
zen, jouir de son humanité signifie
ne pas se confondre avec la tristesse
quand on est triste, ne pas se
prendre pour la joie quand on est
enthousiaste, ne pas se prendre pour
Dionysos quand on est ivre. Que la
femme me traverse, l'homme ou le léopard,
je demeure travesti, ciel changeant.
Femme est un nom de jouissance,
demain il sera homme, océan ou
montagne. Une main s'ouvre, l'autre
griffe. Tout se déplace vite, à
grandes enjambées le genre change,
j'ai des chevilles de proie et des
nerfs de chasseur. Je ne suis pas
femme, je ne deviendrai pas homme. Je
suis une créature.
La créature
parfois se travestit en femme. Oui
j'aime les talons aiguilles et toutes
ces chaussures qu'on ne met pas pour
marcher, oui je peux glousser aux
bonnes blagues d'un homme, et croire
que je glousse et qu'il est un garçon.
Oui je sais me perdre pour demander
ma route à l'inconnu qui passe, et
croire que je bande pour son sens de
l'orientation. Oui je veut qu'il soit
macho, qu'il me frappe s'il veut
quand viendra le moment. Bien sur je
peux suivre les fesses dures d'un garçon,
si la journée est chaude et le jean
serré, et me promettre que lui, je
vais le faire gueuler et qu'il serra
ma femme. Bien sûr une fille peut me
tordre. Surtout si elle est maquillée.
Toutes les créatures le savent, le
genre est fait pour jouir et jouer.
LE genre est
fait pour jouir et jouer, toutes les
créatures le savent depuis la cour
d'école, quand nous glissions de
chat aux pirates aux billes au
hamster à l'instituteur, quand nous
glissions de jeu en jeu de l'un à
l'autre. Fille salope, fleur bleue,
gourde, gamine, garçon, tordu,
vicieux, macho, chat, baudet, loup
prisonnier, indien, victime, et chef
de bande sont quelques-uns des noms
de nos travestissements.
Les créatures
le savent depuis qu'elles jouent les
X-men, les requins blancs et les
cavaliers. C'est la métamorphose qui
fait l'humain, notre ludique
monstruosité, le passage jouissif
d'un pôle à l'autre. Et non un pôle
ou l'autre. Puis les créatures
grandissent et entrent dans le genre,
oubliant parfois la fluidité du jeu
et les vérité multiple de
l'enfance.
Mais ces vérités
multiples et changeante ne cessent
pourtant de ressurgir, quand je
voyage, quand je marche, quand je
respire suis-je une femme? Suis je
une femme quand je pense, quand
j'aime les mathématiques? C'est
idiot. Des études ont beau parler
des différence de cerveaux féminins
et masculins, de lobes plus ou moins développés,
je ne crois pas que ces différences,
comme la différence de sexe,
indiquent autre chose que ce qu'elles
sont, une différence physiologique.
Oui. Et ensuite? Donner un sens
social au fait physique, c'est croire
en la femme. Comme hier aux races.
N'attendons pas un jour de plus de
plus pour balayer le genre et ses
superstitions.
La femme
n'existe pas. Le genre n'existe pas.
L'humain est au delà des genres, au
delà des sexes, des races, au delà
de l'ego, vivant en métamorphose.
C'est dans cette fluidité, dans
cette faculté de métamorphose
qu'est, ou plutôt que marche, que
glisse, que court, que se meut, se
transforme l'humanité. Nous naissons
mouvants, ne nous fixons à aucune
illusion égotique, à aucun
"je" économique. À aucun
sexe. A aucun genre.
Nous ne naissons
pas femmes, nous ne naissons pas
hommes, surtout ne le devenons pas.
Tant que les
femmes s'efforceront de libérer les
femmes, elles demeureront esclaves
Tant qu'elles s'efforceront de réhabiliter
une soi-disant égalité dans la différence
et des soi-disant qualité féminines,
elles demeureront une humanité marquée
par le genre, c'est à dire une
humanité de second rang, reniant ses
capacités de métamorphose. Tant que
les hommes et les femmes ne poseront
pas les uns sur les autres un regard
recréaturant, ils ne déploieront
rien de leur humanité. Le regard
recréaturant voit au-delà du genre,
il ne s'arrête pas au critères
sociaux, psychologiques, physique, économiques.
Il se moque du poids, de la taille,
de la couleur de la peau, il se moque
des préférences sexuelles. Aucun de
ces critères n'est pertinent, aucun
ne signe l'homme oui la femme.
Quand une créature
rencontre une créature, il peut y
avoir drague, amitié, déraillements
instantanés, discussions passionnées.
Ou pas. La rencontre est entière,
illimitée, car entre deux créatures,
"tout est possible mais rien
n'est nécessaire" comme le dit
Tournier dans "les météores".
Rien n'est nécessaire, surtout pas
d'entrer dans les cases préfabriqués
de la rencontre homme femme, et sa
batterie de questions réductrices.
Tout est sexué entre deux créatures,
pas seulement le sexe; tout danse;
les fantasmes; l'esprit, le corps, la
voix, tout ondoie.
Vous croyez voir
une femme, mais qui est derrière la
femme? Qui est derrière les yeux
d'un homme? Regardez bien, posez vous
les question. Commencez des demain
avec cotre voisine, avec l'inconnu
qui s'assiéra en face de vous dans
le métro. Avec vous- même.
Commencez à regardez les créatures
avec vos yeux de créatures.
Vous verrez. Les
magies singulières dansent. Au delà
des genres, tous dansent.
La femme
n'existe pas, le genre est une arme.
Une arme économique à très gros
calibre. De la femme à l'homme féminisé
si cher à nos observateurs de
tendances, le féminin est industrie.
La femme est une industrie qui va de
l'Oréal à la branche diététique
de Danone, traverse toute la mode...
Faites la liste
vous même, elle est longue. Le genre
est un outil adapté à l'économie
d'échelle. La variété se limite à
deux. Un homme, une femme, deux modèles
de voiture, deux parfums, un supplément
magazine, une seule journée par an
pour le genre faible, deux profils de
carrière, deux type de crème de
jour, tout cela réécrit, décliné,
diffusé, produit en série. Dix
femmes, dix hommes, une douzaine
d'enfant et quelques éléments dans
une seule créature, cela serait
moins gérable. Mais plus humain qui
sait.
La femme est un
formidable outil d'urbanisation. La
vraie femme aime faire du shopping,
c'est connu.
L'homme
convaincu d'accepter sa féminité
aussi. alors en avant pour les rues piétonnes
et les galeries marchandes, les aérogare
d'Heathrow ou de Hong Kong, les
palais des congrès, les Disneyland.
La femme n'existe pas, l'économie du
féminin est florissante.
Le genre
n'existe pas, il paye. Homme, femme,
les rites d'initiation ne sont jamais
gratuits. Des vêtements aux régimes,
du club de sport à la berline, la féminité
ou la crise d'identité masculine se
payent et payent. Un certain schéma
de consommation / production, n'est
ce pas en fin de compte, le seul élément
tangible de ce genre si autrement
insaisissable?
Le journal féminin
pour femmes, pour homme, constitue le
mode d'emploi du genre, son guide de
savoir vivre c'est à dire de
shopping, adapté à chaque panoplie.
Le journal féminin nous parle petit
nègre (fabuleux je vois la vie en
rose! vite un antiride!), mais comme
c'est justement un journal pour nègres,
personne n'y trouve de racisme; belle
logique, belle opération. En tant
que créature, je ne me sens pas
concernée. Si je l'étais, que l'on
s'adresse à moi comme à une gourde,
qu'on réduise mon humanité à un
poids et un horoscope me réduirait
au désespoir ou au fou rire. À dire
vrai, j'alterne l'un et l'autre les
mois pairs et impairs.
Mais enfin, je
penche pour le rire, j'espère qu'un
jour nos enfants riront de notre
obscurantisme. Alors oui, gardez vos
articles beauté, gardez les comme
des textes collectors qui feront rire
les jeunes générations comme les
dictionnaires de 1870, quand on
regarde nègre, à juif ou à
allemand, gardez les rubrique forme
comme autant d'autant d'authentiques
"ya bon banania!" que les
adolescents colleront dans leur exposés
sur le ridicule des vieilles
superstitions. Ce ridicule hélas à
tué plus d'une fois.
Alors pitié, un
peu moins de femme, un peu plus de métamorphose!
Dès à présent, devenons créatures.
Vite, avant que
le genre tue l'humain.
Message paru sur
la liste ATSX |