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Certains actes antisémites
sont bien le fait de voyous
issus de l'immigration,
mais réduire
l'antisémitisme à un virus
arabo-musulman, c'est
glisser vers un racisme pur
et simple.
Le
racisme, plaie collective
Par
Mouloud AOUNIT
vendredi 21 mai 2004
La
montée de l'antisémitisme
est un fait indéniable,
inacceptable. Les
agressions, allant de
l'injure aux violences
physiques, à l'incendie
d'école ou aux profanations
de cimetières juifs sont
une offense à la dignité
humaine, une insulte à la
conscience de tous les
défenseurs des droits de
l'homme. Contrairement à ce
que certains ont pu
affirmer, l'antisémitisme
viscéral de l'extrême
droite et des groupuscules
néonazis constitue une
réalité tenace. La
profanation du cimetière
juif d'Herrlisheim et ses
signatures gammées en
confirment la persistance à
ceux qui pouvaient en
douter.
Il est tout aussi
évident que l'antisémitisme
est multiforme, qu'il prend
des formes nouvelles dont
certaines prolifèrent sur
le terrain des exclusions
et des discriminations.
L'histoire montre qu'il
n'est pas rare que, pour
avoir le sentiment
d'exister, l'exclu, le
discriminé, le dépossédé,
retourne contre les autres
ce qu'il subit : il exclut
à son tour de manière
violente tout ce qui peut
représenter un pouvoir
établi, réel ou supposé.
C'est le médecin qu'on
agresse, le travailleur
social que l'on casse, le
pompier qu'on caillasse, et
le Juif sur lequel on
crache parce qu'il est
juif.
Personne ne peut nier
que certains intégristes,
dans certaines banlieues,
manipulent cette détresse
sociale, morale et
économique d'une jeunesse
désoeuvrée pour distiller
leur venin antisémite.
Le Mrap a toujours
combattu ces sinistres
dérives et toujours exprimé
publiquement son
indignation. Il n'a eu de
cesse d'être solidaire des
victimes juives. Une
inscription infâme, une
insulte, cela ne s'efface
pas de la conscience : la
douleur et l'humiliation
ressenties par les
victimes, le fait d'être
délibérément nié dans son
identité laisse des traces
indélébiles.
Faire reculer, terrasser
l'antisémitisme, cela
nécessite d'utiliser sans
faiblesse les armes de la
loi, de rechercher et
réprimer les auteurs de ces
violences.
Mais, plus encore, ces
graves problèmes demandent
des réponses sociales,
juridiques, éducatives et
politiques. Etre efficace
contre cette plaie au flanc
de notre démocratie qu'est
l'irruption de
l'antisémitisme nécessite
aussi de nous éloigner des
écueils trop longtemps
véhiculés, par les uns et
les autres, y compris par
des compagnons de route du
combat antiraciste.
Il est inacceptable, par
exemple, de tolérer la
négation ou la
relativisation des
manifestations et des actes
antisémites commis par de
jeunes voyous, souvent
multirécidivistes, certains
organisés dans des groupes
virulents, d'autres sans
réelle assise idéologique.
Cependant, un danger
menace, tout aussi sérieux
et tout aussi
contre-productif : il
s'agit de cette tendance à
l'ethnicisation de
l'antisémitisme, source de
malentendus et porteuse
d'une division insidieuse
pour toutes celles et tous
ceux qui devraient être
unis contre tous les
racismes.
Personne ne peut nier
que certains actes
antisémites ont été le fait
de voyous issus de
l'immigration, mais faire
de l'antisémitisme un virus
arabo-musulman, c'est
glisser vers un racisme pur
et simple. Cela relève de
la même logique que celle
qui rendrait comptables et
responsables tous les Juifs
de France des exactions
commises par le
gouvernement Sharon. Le
racisme est à l'oeuvre
lorsque, précisément, on
commence à dire «ces
gens-là», lorsque l'on
globalise sans discernement
en culpabilisant un groupe
déterminé d'individus pour
les exactions de
quelques-uns.
C'est exactement ce qui
est à l'oeuvre lorsque le
président de l'UEJF
explique que le Mrap et la
LDH se prononceraient en
faveur d'une manifestation
contre tous les racismes,
et non contre
l'antisémitisme seul, parce
qu'il leur serait
impossible de prendre en
compte le nouvel
antisémitisme des
Arabo-musulmans. De la même
façon, Patrick Klugman et
Fadela Amara réduisent
toute une génération de
citoyens français à une
minorité lorsque celui-ci
fait part, dans
Libération, de son
souhait de «libérer la
banlieue de
l'antisémitisme».
Cette réduction à
l'origine supposée du
délinquant raciste est très
suspecte, comme si la
dénonciation de l'acte
antisémite prenait plus de
force infamante s'il était
commis par un
Arabo-musulman. Cette
ethnicisation du racisme,
cette volonté de présenter
les Arabo-musulmans comme
porteurs privilégiés du
germe de l'antisémitisme
est injuste et révoltante,
comme l'est la «racialisation»
du conflit
israélo-palestinien. Elle
contribue à élever des murs
d'incompréhensions là où il
faudrait bâtir des ponts de
solidarités.
Ainsi, là où le Mrap
dénonce des voyous
antisémites, d'autres
préfèrent voir des voyous
antisémites arabo-musulmans.
Qu'on me comprenne bien :
ce n'est pas une simple
question de sémantique
anecdotique, mais un
problème d'installation de
stéréotypes ravageurs dont
on sait qu'ils ont fait
beaucoup de dégâts dans
l'histoire.
L'égorgeur est arabe, le
comploteur est juif, le
voleur est gitan, le fourbe
est chinois, le fainéant
est noir, l'alcoolique est
polonais, etc. La
focalisation excessive sur
l'antisémitisme
arabo-musulman issu «de
quartiers sensibles» nous
fait oublier que
l'antisémitisme c'est
autant le négationniste
Robert Faurisson que
Mohamed Latrèche, autant
Serge Thion que Monder Sfar.
Ainsi, quand Le Pen dénonce
«la multiplication des
actes antisémites sur le
sol français due à une
immigration incontrôlée»,
l'homme du «détail» ne
manifeste pas un amour
soudain pour les Juifs : il
hiérarchise ses haines pour
mieux diviser. Il est
évident qu'après les Arabes
viendra le tour des Juifs.
N'oublions pas que la
profanation du cimetière
juif d'Herrlisheim a été
précédée, dans la même
région, par la profanation
d'un lieu de culte
musulman.
Eduquer, partager,
réprimer : telles sont nos
réponses au racisme.
Eduquer par un
investissement conséquent
sur le terrain de la
mémoire, de toutes les
mémoires, ce qui suppose
une valorisation et une
prise en compte des
histoires singulières de
toutes les personnes qui
vivent sur le territoire de
France (Shoah, esclavage,
colonialisme).
Enfin, l'urgence absolue
est de s'éloigner des
réponses communautaires,
des attitudes qui enferment
les hommes dans des
identités rétrécies, et
leur substituer la défense,
la promotion, et la mise en
acte de l'universalité de
nos valeurs. Créer ensemble
les conditions d'un refus
collectif et citoyen, c'est
à cette tâche que nous
allons nous atteler dans
les prochaines semaines en
préparant une manifestation
d'espoir, une initiative
attendue contre tous les
racismes et pour l'égalité
des droits. Que l'on crache
sur un Juif parce qu'il
porte une kippa, que l'on
ferme la porte au monde du
travail à un jeune
Maghrébin ou à un Africain
parce qu'il n'a pas la
bonne couleur de peau, que
l'on discrimine les gens du
voyage, la haine, la
violence physique ou morale
est la même. La douleur
aussi. Quand un Juif, un
Arabe, un musulman, un
Africain, un Tzigane est
attaqué dans sa dignité,
c'est toute la France qui
est blessée.
Mouloud Aounit, secrétaire
général du Mrap
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APPEL
A MANIFESTER Contre le
Racisme, je marche
Tombes profanées,
synagogues taguées, écoles
incendiées, individus
agresses. La France vient
de connaître ces derniers
jours une nouvelle vague
d'actes antisémites qui
nous afflige
particulièrement.
La banalisation de
l'antisémitisme entraîne la
banalisation de toutes les
autres formes de racisme et
d'exclusion.
L'antisémitisme n'est pas
seulement l'affaire des
Juifs, c'est un fléau que
tout citoyen porteur des
valeurs de l'antiracisme
doit combattre au nom de la
liberté, de la démocratie
et des valeurs de la
République.
L'Histoire a montré que la
progression de
l'antisémitisme a toujours
été
associée a de terribles
régressions politiques,
morales et sociales.
Nous refusons que les
jeunes générations
grandissent dans une
société ou ces actes, a
force d'être répétés,
laisseraient indifférents.
Nous n'acceptons pas la
haine du Juif : la France
que nous voulons c'est la
République du vivre
ensemble.
Au-delà de nos origines
sociales, culturelles et de
nos horizons
politiques,nous devons
exprimer notre indignation
pour dire non a
l'antisémitisme d'ou qu'il
vienne.
Nous appelons, nos
concitoyens a manifester
leur attachement aux
valeurs républicaines en
nous rejoignant
Dimanche 16 mai
A 15 h place de la
République Pour une grande
marche contre
l'antisémitisme. Les
premiers signataires : SOS
Racisme, Ni Putes Ni
Soumises, UEJF, FIDL,LICRA,
UMP, Parti Socialiste, Amis
de Shalom Arshav - La Paix
Maintenant,Maison Itshak
Rabin, Mutuelle des
Etudiants, Habonim Dror,
Mouvement des Jeunes
Socialistes, Hashomer
Hatzair, CRIF, Coopération
Féminine, Amis du Parti
Travailliste Israélien en
France, Coordination des
Berbères de France,Mémoire
2000, Cercle Bernard
Lazare, Mouvement des
Maghrebins Laiques, Centre
Simon Wiesenthal, MJLF,
Prochoix, Eclaireurs
Israelites de
France,Consistoire
Israélite de France, Bnai
Brith, AJHL, Centre MEDEM,
CAP 21,Banlieues Du Monde,
Grand Orient de France,
UFAL, Mouvement de la
Paix,Cercle Léon Blum
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Contre
la fascisme intégriste
Dès le début
de 2001, l'association
AlgériEnsemble,
instruite notamment par la
tragédie algérienne, avait
lancé un manifeste intitulé
"Nuremberg contre le
fascisme islamiste" pour
tenter de contribuer à la
prise de conscience de ce
que représentait la menace
intégriste, non seulement
pour les populations
musulmanes des pays
islamiques, mais pour
l'humanité tout entière.
L'objectif
proposé était d'organiser
une rencontre
internationale pour faire
converger et rassembler
dans un vaste mouvement de
réflexion et d'action les
femmes et les hommes
résolus à faire front à la
marche de la barbarie.
Les
évènements que tout le
monde connaît aujourd'hui
ont dépassé nos prévisions
les plus pessimistes. Nous
n'en sommes encore que dans
les premières phases du
processus de la terreur.
Des chefs
d'Etat se concertent pour
organiser, comme c'est leur
rôle et leur devoir, la
riposte au terrorisme. Mais
la source de recrutement
des mercenaires de
l'horreur ne sera tarie que
par une lutte de toutes les
forces démocratiques dans
le monde
Ce combat
politique et idéologique,
c'est aux peuples de le
mener, comme cela est
d'ailleurs entamé un peu
partout. Il faut lui donner
l'élan qu'impose la menace
universelle clairement
affichée. Les combats et
les efforts de chacun et de
tous peuvent et doivent se
décupler à la hauteur du
défi.
Le projet
de la Rencontre
Internationale est plus que
jamais d'actualité. Elle
est décidée pour les
dernières semaines de
l'année 2004. Une
concertation est déjà
engagée pour que l'appel à
ces assises soit co-signé
par un certain nombre de
mouvements, d'associations,
de personnalités qui, dans
les récents développements
de la situation se sont
manifestés clairement .
Vous
trouverez, en document
joint, le Manifeste tel
qu'il a été actualisé et
pour lequel nous demandons
à chacun de le signer et de
le faire signer. Mais aussi
de s'exprimer et d'apporter
sa contribution. Dans les
tous prochains jours, nous
ferons connaître les
mouvements qui participent
à l'initiative de la
Rencontre ainsi que des
informations.
AlgeriEnsemble@wanadoo.fr |